L’élevage bovin est l’une des premières activités économiques du Marais Breton Vendéen. Sur les prairies naturelles de cette zone humide extraordinaire, on trouve de nombreuses exploitations. Afin d’adapter l’activité à l’environnement du marais, en préservant la richesse et la diversité du territoire tout en conciliant les enjeux économiques des exploitants, éleveurs, collectivités et associations travaillent de concert.
Le Marô, un territoire fragile
Le Marais Breton Vendéen est constitué de vastes prairies, de roselières, d’un réseau de mares et de près de 7 000 km de fossés qui participent à la diversité de ce territoire. Avec près de 25 000 hectares de marais doux et 10 000 hectares de marais salés, le Marô présente une grande variété de caractéristiques naturelles et de pratiques agricoles.
Classé Natura 2000, le territoire du Marô fait partie des zones d’actions prioritaires régionales pour la biodiversité.
Les enjeux environnementaux du territoire sont la préservation des habitats dont les prairies naturelles de marais, et la protection des espèces animales, notamment le Triton crêté, la Bouvière, la Loutre d’Europe et les nombreux oiseaux nicheurs tels le Vanneau huppé, le Chevalier gambette, la Barge à queue noire, le Hiboux des marais ou encore l’Avocette élégante…
Les MAEC,
Mesures Agro-Environnementales et Climatiques dans le marais
Le Syndicat Mixte de la Baie de Bourgneuf et la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire portent ce projet et l’animent au quotidien, avec les agriculteurs du Marais Breton Vendéen. Les MAEC sont des contrats de 5 ans qui engagent les exploitants, en contrepartie d’une compensation financière, à maintenir et développer des pratiques respectueuses de la biodiversité selon des actions ciblées sur leur territoire. Ces mesures permettent de définir les enjeux, d’améliorer les pratiques, et de donner les moyens financiers aux éleveurs pour y parvenir.
L’objectif de ces Mesures Agro-Environnementales est de :
– Préserver des prairies de qualité en limitant la fertilisation et en conservant de l’eau sur les prairies
– Retarder la fauche pour laisser le temps aux oiseaux bûcheurs de faire leur cycle de vie (Vanneau huppé, Hibou des marais…)
– Préserver les roselières
– Entretenir les mares et les fossés dans le respect de la biodiversité
– Convertir des cultures en prairies
– Encourager le pâturage
Rencontre avec Valentin Retureau, éleveur dans le Marô
Ce jeune éleveur, né dans le Marais Breton Vendéen, dirige l’exploitation Les Deux Marais. Une exploitation familiale de vaches allaitantes à Beauvoir-sur-Mer et Bouin, en cours de certification Agriculture Biologique, située principalement en prairie naturelle et répartie à 50% en secteur eau salée et 50% en secteur d’eau douce. Passionné par son métier et très attaché au marais, l’engagement en MAEC était pour lui une évidence. Il nous raconte ce qui est mis en place pour concilier élevage et préservation de la biodiversité dans le Marô.
« Nous avons une exploitation 100% marais, en prairies naturelles. Les entretenir, c’est entretenir notre outil de travail. L’objectif c’est de toujours trouver le bon équilibre. Sans l’élevage dans le marais, nous n’aurions pas la biodiversité que nous pouvons observer aujourd’hui. La flore du marais est riche d’une multitude d’espèces et de variétés, et nos animaux profitent aussi de cette diversité pour une alimentation de qualité. Au quotidien, chaque tâche est réfléchie pour produire et élever les animaux dans de bonnes conditions, tout en préservant l’environnement et la biodiversité. »
L’élevage extensif
« Nous travaillons, comme la majorité des éleveurs du territoire, en élevage extensif, avec un usage modéré de l’exploitation du marais. C’est-à-dire que nous avons peu d’animaux par surface, et que ceux-ci se nourrissent principalement de la flore du territoire et boivent l’eau dans les mares et les fossés. »
Le pâturage
« Nos animaux entretiennent le territoire en pâturant. Ils valorisent l’herbe ce qui permet d’éviter la pousse de ronciers ou du baccharis, espèces envahissantes. Le pâturage que l’on réalise est dit de “pâturage tournant”, c’est-à-dire qu’en pratique on réalise des ilôts. Nos bovins restent environ une semaine sur chaque ilôt et n’y reviennent que 5 à 6 semaines plus tard. Ce temps de repos de la prairie permet le développement d’une végétation diversifiée. De plus, ces prairies pâturées sont des sites idéaux pour la nidification de certains oiseaux comme le vanneau huppé par exemple. »
Le retard de fauche
« Au printemps, c’est la période de nidification pour les oiseaux. En retardant la fauche et la récolte du fourrage au mois de juin, les agriculteurs du Marais Breton Vendéen préservent les nids au sol d’espèces protégées typiques du Marô comme le busard cendré et le hiboux des marais. »
L’entretien des mares et des fossés
« L’élevage dans le marais permet le curage des fossés et des mares. Ces éléments du territoire sont utiles à notre activité : les fossés servent pour abreuver les animaux dans les secteurs d’eau douce, et les mares dans les secteurs d’eau salée. Les fossés font aussi office de barrières naturelles pour les pâturages. Si ceux-ci ne sont pas entretenus, ils sont « bouchés de vase », et il y a moins de biodiversité. Leur curage permet aussi le développement de l’anguille, et l’entretien des mares celui du triton crêté. Par contre on est vigilants, au printemps c’est leur période de reproduction, donc on évite de curer à ce moment-là. L’entretien des fossés permet aussi de limiter le développement d’espèces invasives. »