La pêche au carrelet dans le Marô
Présents dans le Marais Breton Vendéen, de la côte de Loire-Atlantique jusque dans les ports du Marô, les pêcheries façonnent notre paysage entre eau douce et eau salée. La pêche au carrelet s’y pratique et fait partie intégrante des traditions maraîchines et littorales.
L’histoire de la pêche au carrelet
Jusqu’au début du XXe siècle, la pêche au carrelet était une pêche de subsistance, pratiquée par les plus démunis, souvent par les femmes ou les enfants. Cette pêche de hasard sans appât leur permettait de composer une partie du repas de la famille ou de récolter un peu d’argent sur les marchés. Avec l’interdiction de la vente des captures et la construction des carrelets sur plate-formes, cette pratique est devenue une pêche de loisir.
Les réglementations successives en matière de protection de l’environnement, mais aussi la limitation de la pêche en basse mer et lors des marées nocturnes, ont conduit les pêcheurs à exercer une pêche responsable et durable, dans le respect de l’environnement et de la biodiversité. Seules les prises nécessaires à la consommation personnelle sont prélevées et les espèces protégées sont rejetées à l’eau.
Depuis, le rôle des pêcheurs a pris une nouvelle dimension. Observateur de la nature et du milieu qui l’entoure, le pêcheur agit en sentinelle en signalant les éventuelles pollutions, prévenant des objets flottants pouvant endommager les structures, participant aux actions de nettoyage de la berge organisées par les collectivités ou les associations du territoire. Véritables scrutateurs de l’environnement dans les zones classées Natura 2000, les pêcheurs sont en alerte sur les écosystèmes locaux et permettent de collecter des données précieuses sur la biodiversité liée aux milieux aquatiques marins et fluviaux.
Port des Champs ©Stéphane Grossin
Le Port du Bec – Bouin
La technique de la pêche au carrelet
La pêche au carrelet peut se pratique de 3 manières différentes :
_ À pied, avec un filet de pêche au bord des canaux et des étiers dans les marais.
_ À bord d’une embarcation ou d’un ponton avancé dans l’eau et au bout duquel se trouve le carrelet : la fameuse cabane du pêcheur. Cette pêche se pratique à marée haute, lorsque les poissons reviennent vers le rivage ; ou lorsque dans les étiers la marée remonte dans les écluses.
_ Depuis un rocher ou dans un port, avec le carrelet portable, sorte de kit mobile composé d’un filet, d’une corde, d’une poulie et d’un bras de support. On peut observer cette pratique au bout de l’estacade de Saint-Jean-de-Monts. Dans tous les cas, le principe est relativement simple : avec ou sans appât, le filet est abaissé dans l’eau. Après quelques minutes d’attente, une fois le trouble passé de la mise à l’eau, le filet est remonté. Si vous êtes chanceux, des poissons se seront glissés au creux du carrelet.
Les poissons du Marô
Dans le Marô, dans les ports et le long des étiers, ce type de pêche permet principalement d’attraper des anguilles qui, à marée montante, s’engouffrent dans les écluses. Naissant dans la mer des Sargasses, la civelle, transparente, se présente aux portes du marais et se heurte aux écluses. C’est là qu’en hiver elle est pêchée. L’anguillette qui a réussi à pénétrer dans le marais s’adapte à son environnement en fonction des saisons. Elle peut s’envaser en cas de forte sécheresse ou s’engaillardir et partir à l’aventure dans l’herbe des prairies en quête d’un nouveau cours d’eau plus propice à sa survie. L’espèce est néanmoins en régression dû aux assèchements récents du marais, de la surpêche et du braconnage. S’adaptant à la salinité des eaux, l’anguille et l’épinoche sont pêchés toute l’année.
En hiver, on pêche dans le marais breton vendéen des poissons d’eau douce qui viennent de l’amont, comme la carpe, le gardon et la tanche. En été, on trouve dans les eaux salées du Marô la sole, le mulet et le bar.
Anguille
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